Mayence (DE)

Aujourd'hui encore, Mayence abrite de nombreux points forts architecturaux issus de sa longue histoire de fortification. Des bâtisseurs célèbres, comme Johann Maximilian von Welsch, ont participé à ce développement. La citadelle vaut bien sûr le détour avec son plan classique, ses quatre bastions et son porche. Les portes du Rhin et les caponnières ou la Gautor sont également impressionnantes.

Le bâtiment du commandant à la citadelle

Le bâtiment du commandant, construit au-dessus de l'entrée ouest, s'élève vers la ville. Il a été construit en 1696 sous le prince électeur de Mayence Lothar Franz von Schönborn et servait de résidence de service au commandant de la forteresse. Le bâtiment se compose de trois ailes et d'autant d'étages. Une grande terrasse se trouve entre les ailes. Le bâtiment peint en rouge et blanc est couronné d'un "toit à la Mansart", le tout premier à Mayence. En 1833, un étage supplémentaire a certes été ajouté, détruisant ainsi le toit à la Mansart, mais l'occupant français l'a fait restaurer dans son état d'origine après la Seconde Guerre mondiale.

Sous le bâtiment du commandant se trouve la porte construite vers 1660, par laquelle la plupart des visiteurs accèdent aujourd'hui à la citadelle. Passant autrefois directement sous le rempart, elle a été intégrée au bâtiment du commandant lors de sa construction. La porte baroque, créée par l'architecte italien Antonio Petrini, donne sur la ville. Sa particularité était les pierres de grès saillantes qui devaient renforcer le caractère de l'ouvrage défensif et la "griffe de pierre" effrayante. En haut, dans le tympan, deux lions tiennent les armoiries du prince électeur Johann Philipp von Schönborn, maître d'œuvre de la citadelle. Il montre dans quatre champs la double roue de Mayence, le râteau du duché de Franconie et la bannière pour l'évêché de Würzburg. Jean-Philippe régnait sur ces territoires vers 1660. Au centre, les armoiries de la famille de Jean-Philippe de Schönborn trônent en forme de cœur : un lion passant sur le râteau de Franconie. En y regardant de plus près, le lion de Schönborn possède d'ailleurs deux queues. La raison de cette particularité n'a toujours pas été expliquée.

Les rouleaux de guidage à gauche et à droite de l'arc de la porte rappellent l'existence de l'ancien pont-levis. Lorsque le visiteur pénètre dans le couloir de la porte, il remarque tout de suite l'étrange coude : il permettait de prendre l'ennemi de front et pas seulement de côté, comme cela aurait été le cas avec un couloir droit. Une herse et un trou permettant de déverser des détritus sur les intrus servaient de sécurité supplémentaire. Mais ils ont perdu leur fonction lorsque le bâtiment du commandant a été construit au-dessus de la porte.

Dans le passage de la porte, on trouve également deux pierres avec des inscriptions. Toutes deux ont probablement été déplacées à cet endroit ultérieurement. La plus petite pierre nomme le constructeur et premier bailli de la citadelle : Adolph von Waldenburg. La plus grande pierre porte les armoiries du prince électeur Georg Friedrich v. Greiffenklau zu Vollrads (à droite) - sous lequel le château de Schweickhardt fut achevé en 1629 - et les armoiries du chapitre de la cathédrale de Mayence (à gauche).

Gautor

Dans la Mayence médiévale, la Gaupforte était, avec la Münstertor, la principale liaison entre la ville et la campagne environnante. Le mot "Gau" vient du moyen haut allemand et signifie "pays" ou "région". La Gaupforte médiévale se composait en fait de trois portes : la Gaupforte intérieure, la Gaupforte centrale et la Gaupforte extérieure. Alors que la porte centrale était surplombée par la tour du pont, la porte extérieure était protégée par la tour Saint-Martin. La distance entre la porte intérieure et la porte extérieure était d'environ 150 mètres.

En 1462 déjà, pendant la querelle de l'abbaye, la Gaupforte est devenue tristement célèbre : c'est précisément à cet endroit, supposé être le plus sécurisé des fortifications médiévales de la ville, que les troupes d'Adolf II de Nassau ont réussi à percer. Cela mit fin non seulement à la querelle qui l'opposait à Dieter von Isenburg, mais aussi à quelque 200 ans d'histoire de la ville "libre" de Mayence.

Pendant la période suédoise (1631-36), la Gautor fut entourée d'un rempart de terre. Lors de la construction de la ceinture de fortifications bastionnées autour de Mayence dans les années 1650 sous le prince électeur Johann Philipp von Schönborn, un rempart transversal maçonné avec un passage fut aménagé à la place des Gaupforten. Ce passage était pourvu d'une façade aussi bien vers la ville que vers la campagne. La façade extérieure de la porte Gautor, qui a été conservée, présente des caractéristiques de style romain-baroque. Sur le fronton de la porte, on peut voir saint Martin avec deux mendiants (une copie depuis 2002). Devant la porte, un grand pont en pierre était aménagé pour franchir le fossé de la forteresse.

Les Gaupforte intérieure et centrale durent céder la place à la nouvelle Gautor. La Gautor extérieure avec la tour Martin est cependant restée à l'intérieur du bastion Martin, qui était adjacent à la Gautor au nord - jusqu'à l'explosion d'une poudrière voisine dans l'après-midi du 18 novembre 1857.

En 1896, la Gautor et le rempart furent démolis et le fossé qui se trouvait devant fut comblé. Seules les protestations véhémentes de la population de Mayence ont empêché la destruction de la Gautor. Il fallut toutefois attendre une bonne centaine d'années avant qu'elle ne retrouve son emplacement d'origine. Ce n'est qu'en 1998 que la façade de la Gautor a été installée près de son emplacement d'origine, à l'entrée de la Gaugasse.